Le ventre rempli de femmes, d’hommes, d’enfants et autres engins motorisés ou non, le ferry s’avance péniblement, se laissant ballotter au gré de la houle, vers son cap : l’ile de Moorea. C’est une journée exceptionnelle. Un événement s’y tient. Le ciel semble de connivence. Il fait beau, le ciel est bleu et dégagé. On peut apercevoir de loin le sommet des monts de l’ile.
A l’intérieur du ferry, l’agitation des jours qui resteront gravés dans la mémoire est de mise. Parmi le flux habituel de locaux et de touristes à la recherche de dépaysement et d’authenticité sur cette petite ile, se trouvent des hommes et des femmes ayant un tout autre but : dépasser les limites de leur corps dans une course à la nage et à pied. Sur 35 kilomètres pour certains et sous le soleil oppressant de Moorea. Le ferry et sa cargaison jetteront l’ancre dans quelques minutes. A l’annonce de son arrivée imminente, l’excitation monte parmi nos Aito. Dans quelques minutes, leur volonté de continuer malgré les jambes lourdes de fatigue à force d’enchainer les kilomètres à la course ou les bras engourdis par la nage sera mise à l’épreuve. Il ne faudra pas lâcher. Plus que la condition physique, le mental est déterminant dans cette course. On les sent surexcités, fébriles mais contents.
Moorea nous ouvre ses bras ; le ferry vient d’arriver. Le début de la course est pour bientôt. Nos champions doivent sauter du ferry et parcourir 500 mètres à la nage dans l’océan Pacifique. Ils sont fous.
La foule s’agglutine sur le pont du ferry pour les voir accomplir l’impossible, à nos yeux. Les cris d’encouragement émergent de ces tribunes improvisées. Des phrases d’admiration aussi. Quelque soit l’issue de la compétition pour eux, ils auront chacun d’entre eux le respect venant de nous pauvres mortels restés sur le pont. Le respect pour avoir oser, pour avoir essayer. Des demi-dieux? en fait non. Il n’y a rien de plus humain que de vouloir se transcender et aller au delà de ce qui est possible, pour soi et pour les autres.
Le signal est donné. Sous le ciel bleu de Moorea et sous la protection des Dieux de la nature, un banc d’un tout nouveau genre de poissons se dirige doucement vers la rive à la recherche d’un trophée. L’aventure ne fait que commencer.
