L’oasis

On se croirait en enfer. Ou du moins de ce que les Hommes en disent. Selon eux, c’est bientôt la fin de la saison humide. J’aime les écouter parler de tout et de rien. Ils parlent souvent de la météo d’ailleurs.

Moi je suis bien là. Etalé sous un arbre, quelques rayons de soleil caressent mon corps et les feuilles qui s’agitent sous l’effet du vent me rafraichissent. Je ferme les yeux. J’écoute les bruits autour de moi : les engins bruyants qui amènent les Hommes d’un endroit à un autre, les oiseaux qui picorent l’assiette, les chiens qui aboient.

J’ai soif. Pas besoin d’aller chercher de l’eau. J’en ai juste à coté de moi. Cet endroit est parfait. De l’ombre, de l’eau, de la nourriture. Mon oasis.

J’y vais depuis bientôt un an. Au début, c’était par pure curiosité. Après un certain temps, la dame m’a remarqué. J’ai peur des Hommes. Ce serait trop long de vous expliquer la cause mais je m’en méfie. Va savoir pourquoi la dame s’est prise d’affection pour moi. Elle me laisse de la nourriture parfois quand je traine dans l’oasis. L’autre jour, j’ai ramené des copains pour en profiter. La dame s’est mise à faire des grands gestes en se rapprochant de nous. Sauve-qui-peut général. Les copains, aussi, ont peur des Hommes.

La dame essaie de me toucher quand je mange. Je n’aime pas. Je le lui dis. Après ça, elle ne me laisse plus de nourriture pendant un moment.

Entre nous, on parle des Hommes. On essaie de les comprendre. Ils suivent un tas de concepts. L’un deux est la reconnaissance. Je te donne quelque chose et un jour, en échange, tu me donneras une chose qui me fera plaisir.

Je crois que la dame attend de la reconnaissance de ma part. Mais elle oublie un truc : moi, je ne suis qu’un chat.

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