
Ceci est une tentative de m’extraire de ma situation réelle. Je poste cette photo-ci et je n’y suis pas. Et pourtant tout mon être réclame le bruit de la rivière qui coule, les odeurs fortes de la nature, la vue lointaine sur une montagne.
Je pense être actuellement dans l’exact opposé de tout ceci. Un bâtiment tout blanc et imposant de béton dont la proximité directe se fait avec un parking et une station-service. Une salle à la lumière froide et distante. Un bureau tout sauf intime sur lequel repose trois écrans.
Trois écrans qui seront mes compagnons de la journée. Ce sont mes outils de travail mais aussi ceux qui m’aident à me créer des reveries et sortir de cet endroit. Vive Internet.
J’ai signé un contrat. Un putain de contrat qui m’impose de rester assise pendant huit heures et me laisser bombarder de lumière bleue nocive pour les yeux. Du lundi au vendredi.
Dans quelques heures, le froid de la pièce se répandra jusque dans mes os. C’est physique mais pas que. Mon corps et mon âme se refroidiront. Je devais être druide dans une vie passée : dès que je mets les pieds dans cette boite de ciment, ma force vitale s’atténue. Une fois dehors, je revis.
Que s’est-il passé? Comment l’homme a pu accepter que se terrer dans une cage bureaucratique c’était ça la vie?
