Fatuiva

Fatuiva – Hanavave vue des hauteurs

Fatuiva se mérite. Y aller ou en revenir revient du parcours du combattant. Si comme moi, tu as le malheur d’avoir le mal de mer, le trajet sera ton enfer. Un enfer de quatre heures pour aller au paradis. Le capitaine du bateau mis à disposition par la communauté des îles Marquises (Codim) n’a pas pour mission de rendre agréable ton voyage. Sa mission est de t’y amener le plus vite possible par l’océan Pacifique faisant vivre une expérience de montagnes russes à ses passagers, habitants de Fatu Hiva qui rentrent chez eux, personnel du corps médical en mission ou rares touristes voulant découvrir cette île du bout du monde uniquement accessible en bateau.

Nous sommes arrivés à Fatu Hiva dans la baie de Omoa autour de 6h du matin. Après quatre heures de bateau sur une mer agitée, toute terre aurait été la bienvenue car libératrice. Accoster à Fatu Hiva fut plus que ça. Les hauteurs luxuriantes de verdure dominant le quai, les oiseaux dans le ciel, cette douceur de vivre palpable dans l’air et par l’accueil des habitants me firent oublier instantanément le trajet.

Il y’a deux villages sur l’île : Omoa et Hanavave.

Omoa m’a charmé par le délicieux spectacle des gygis blanches traversant le ciel bleu. Cette vallée abrite aussi les 19 Monarques de Fatu Hiva restants au monde. Endémique de l’île, ce petit oiseau noir au chant particulier, imitant à la perfection un chat qui feule, est discret et rapide. Le point culminant de mon séjour entier sur l’île fut d’avoir vu trois membres de l’espèce : un bout de celui qui gardait son nid en hauteur, un autre que j’ai vu en plein envol et le troisième posé sur une branche et que j’ai pu filmer.

Quai de Omoa

On peut aller à Hanavave de Omoa par la mer ou par la route, en voiture ou à pied. Je ne peux que recommander vivement de le faire à pied. Tu apprécieras encore plus de découvrir l’intérieur de l’île ainsi en prenant le temps de t’émerveiller de ses paysages grandioses. C’est ce que nous avons fait.

Entre les deux vallées

Voir des hauteurs de l’île le village d’Hanavave et sa baie est tout simplement magique. Baie qui est surnommée baie des vierges ou baie des verges pour les puristes. De verges, j’en ai vu qu’une seule : la baie est surplombée de trois grosses roches dont une, à un endroit du village, ressemble beaucoup à une verge. Nous aurions eu une meilleure vue en apercevant la baie de Hanavave par la mer ; il paraît qu’on en pleure tellement que c’est beau.

Entrée du village Hanavave

Impossible de parler de Fatu Hiva sans mentionner ses habitants. Nous nous sommes sentis accueillis par l’île mais surtout par ses habitants. A Omoa, nous n’avions aucune réservation de logement ; notre plan était de trouver un petit endroit et dormir en tente. Nous avions opté pour le choix le plus simple : faire notre bivouac à côté du quai et de la plage, un peu exposés de tous et tout néanmoins. À peine avions nous commencé à nous installer que Sarah, une femme d’une soixantaine d’années environ, ancienne institutrice et toujours membre active de la communauté de Fatu Hiva, artisane de tapas, Sarah au joli tatouage sur la main, est venue nous chercher pour nous indiquer un endroit derrière chez elle plus discret, à l’ombre et proche d’un point d’eau. Je pense aussi à Norma et Edna du restaurant qui nous ont toujours chaleureusement accueillis. Ou encore à la jeune fille de l’association Manu qui nous a indiqué de manière très précise comment observer les monarques de Fatu Hiva. Ou à Simon le sculpteur avec qui nous avons passé un joli moment à discuter. A la gentille mamie qui vit en face de la mairie d’Hanavave. À tous ceux qui nous ont offert sans qu’on demande des fruits de leur jardin ou qui s’inquiétaient de savoir si on avait bien trouvé un endroit où dormir. Ou juste qui nous arrêtaient pour discuter. Je n’oublie pas la postière et son compagnon de route qui nous ont gracieusement offert à manger à mi-chemin de notre randonnée de Omoa à Hanavave. Aux danseurs qui nous ont permis de regarder leurs répétitions. À tous les habitants de Fatuiva.

Nous sommes restés cinq jours sur l’île. Cinq jours qui auraient pu se prolonger sans qu’on le souhaite d’ailleurs. Dernière anecdote : nous avons failli rater le bateau retour à deux minutes près. En route pour le quai 45 minutes avant l’heure du départ, nous avons eu la désagréable surprise de voir le bateau de la codim s’en aller… 45 minutes en avance!! Ils ont donc fait demi tour pour venir nous chercher après qu’on ait crié de toutes nos forces pour manifester notre présence sur le quai. Sacré Codim!

N’empêche que je reprendrais bien le bateau pour aller à Fatu Hiva.

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